De nos jours, les livres ne se contentent plus d’être de simples objets de lecture. Ils se métamorphosent en véritables œuvres d’art, mêlant la littérature et le design et jouant avec tous nos sens pour nous émerveiller. De nombreux artistes de la galerie y développent d’ailleurs leurs univers ! Voici un petit tour d’horizon de leurs créations dans chaque type de livres-objets.
Les livres pop-up
Des illustrations qui sortent des pages, qui se dressent en relief du livre et qui s’animent lors du mouvement de la page, c’est ça le pop-up. Cet art est utilisé par une variété d’illustrateurs et illustratrices pour réaliser ce que l’on appelle également des « livres animés ». Ils utilisent différentes techniques pour créer des motifs en trois dimensions en pliant le papier.
Mathilde Arnaud, très friande de ces animations manuelles, mobilise cet usage du papier dans ses albums Chat noir et Chat blanc (éditions Les Grandes Personnes). Grâce à des pliages astucieux, elle donne vie au quotidien de ces félins taquins. Chat noir regarde l’heure passer sur l’horloge. Chat blanc renverse d’un coup de patte les plantations. Chat noir se fait caresser par sa maîtresse quand elle rentre le soir. Chat blanc fait ses griffes sur un olivier.
Des artistes comme Julia Spiers se servent du pop-up pour fabriquer des livres-jeux illustrés grand format dont les décors jaillissent des pages. Avec Contes à jouer (éditions Albin Michel Jeunesse), l’enfant peut laisser place à sa créativité en inventant l’histoire des héros de nos contes préférés à travers chaque page du livre.
Les livres à rabats
Ces ouvrages sont faits pour les petits curieux ! Ils possèdent des parties mobiles, généralement sous forme de volets à rabattre pour découvrir des illustrations cachées ou des informations supplémentaires. Cette technique d’impression est souvent utilisée dans les albums documentaires. Ils offrent une expérience de lecture interactive et enrichissante et sont une véritable invitation à la découverte et l’émerveillement.
Véronique Joffre adore créer avec du papier découpé : elle découpe, colle, assemble et recompose ses illustrations. Mais ce qu’elle aime aussi, c’est jouer avec des couches de papier, créer des images dans des images. Avec Imagier caché (éditions Thierry Magnier), elle nous propose 22 éléments de la nature, 22 volets, 22 surprises à découvrir ! Le pétale d’une fleur s’abaisse, l’aile d’une poule se relève.
D’autres artistes de la galerie s’emparent de cette technique pour créer des univers animaliers plein de tendresse comme Claire de Gastold. Dans son album documentaire Coloranimo (éditions Saltimbanque), l’artiste exploite ces cachettes de papier pour faire apparaître les caméléons qui se camouflent dans les feuillages ou encore pour zoomer sur les sublimes ailes des papillons.
Les livres à découpes laser
Des pages de dentelles illustrées : c’est possible ! C’est ce qui caractérise les livres à découpes laser. Une technique qui permet de ciseler finement des images d’après des tracés numériques mis ou point par l’artiste. Les motifs subtils se révèlent grâce aux trous formés dans le papier. Ces images prennent aussi vie grâce à la lumière qui fait danser les ombres projetées par les découpes.
Hélène Druvert crée ce qu’elle nomme poétiquement des « ombres à rêves ». Elle trouve inspiration dans le monde merveilleux des ombres chinoises, ses œuvres en papier se présentant alors comme de petits théâtres monochromes. Dans Imagine un jardin (éditions Gautier-Languereau), le jeune garçon voyage à travers une forêt en dentelle aux teintes de vert et de bleu. En jouant sur la superposition des découpes laser, les artistes peuvent même créer des illustrations en volume ! Les images se dévoilent en profondeur, dans un tunnel de plans en papier découpé. On appelle aussi cette technique un diorama. Cécile Jacoud en a fait sa spécialité. À travers l’assemblage en accordéon de trois à sept plans successifs, l’illustratrice imagine une plongée dans les profondeurs de la terre (Dans le secret des galeries, éditions Amaterra) et dans le feuillage des arbres (Dans le secret des feuillages, éditions Amaterra), à la découverte des animaux qui les habitent. Ces deux albums jouent autant sur les formes que les couleurs pour mettre en lumière un univers tout en perspective.
Les livres à encres magiques
Parfois, il est nécessaire de faire appel à la chimie pour ajouter un peu de féerie à un récit. C’est le cas des livres à encres magiques ou invisibles. Ces ouvrages contiennent des illustrations et des textes imprimés avec une encre spéciale : elle réagit à la lumière ou à la chaleur pour révéler des éléments cachés ou bien pour changer de couleur.
Le grenier (éditions Seuil Jeunesse) de notre artiste Mona Leu-Leu est le premier livre animé publié en France à avoir recours à cette technique lumineuse : des images sont dévoilées par la lumière noire. Rien que ça ! Grâce à une petite lampe UV qui accompagne l’album, les lecteurs peuvent faire apparaître les surprises cachées dans le mystérieux grenier du personnage. Des couleurs phosphorescentes rouge et bleu qui font écho aux spectres qui abritent les lieux.
Les livres à découper
Avec ces ouvrages, vous pouvez faire appel à toute votre imagination ! Les livres à découper sont composés de pages à détacher, à plier, à réordonner. D’une certaine manière, vous devenez l’auteur de votre propre histoire. Les artistes dessinent les décors puis c’est à vous de créer les aventures des personnages et de donner vie à votre imaginaire. Une véritable aventure immersive.
Albertine est une illustratrice qui adore s’amuser et nous amuser avec formes, couleurs et détails rigolos. Avec Déguisé (éditions La Joie de Lire), elle crée une galerie d’art transportable. Une quarantaine de silhouettes à habiller, colorer et peindre dans son propre style. L’enfant peut ensuite découvrir l’illustration originale d’Albertine. Le grand plus de cet album ? Chacune de ses pages est détachable et peut être affichée au mur. Les jeunes artistes en herbe ne sont pas encore exposés au Louvre, mais c’est un beau début.
Julia Spiers permet aussi, dans ses Contes à jouer, de détacher toute une série de personnages afin de les faire habiter ses scènes en pop-up. Ainsi, c’est au lecteur de faire l’histoire !
Coline Finck