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Lumière sur Camille de Cussac

Diplômée de l’école de Condé, à Paris, Camille de Cussac se destine rapidement au métier d’illustratrice. « Ce qui me plaît le plus dans ce travail ? Raconter des histoires et pouvoir dessiner toute la journée. » Avec son trait plein de fraîcheur et d’espièglerie, elle imagine un univers enjoué et foisonnant. « J’aime détourner et revisiter ce qui m’est familier, glisser des clins d’œil et des détails insolites pour surprendre le lecteur ! »

Un atelier haut en couleurs

Camille travaille à la main, sur papier, avec seulement une vingtaine de feutres dans sa trousse. « Ma technique de prédilection : des feutres pour enfants et des Posca. Ce sont des marqueurs peinture avec lesquels je place de la couleur partout, surtout là où on ne s’y attend pas ! Au début de mon parcours, j’avais un style assez académique, et c’est en dessinant dans mes petits carnets que je me suis amusée avec la couleur. J’ai pu libérer mon trait et jouer avec les codes. Je fonctionne de manière très spontanée pour réaliser mes images, il n’y a jamais de codes couleur. » 

Camille fait partie du collectif Jaune Cochon et partage avec plusieurs artistes un atelier à la Butte-aux-Cailles, à Paris. « Je n’aime pas trop travailler seule chez moi car j’ai souvent besoin d’échanger sur mes projets en cours. » Parmi ses essentiels, Camille compte bien sûr ses feutres mais aussi son ordinateur qui lui sert pour d’éventuels retouches ou ajouts de motifs sur ses planches dessinées. Mais le plus fascinant reste sans doute son grand mur d’inspiration rempli de ses dessins, d’invitations, de cartes postales, de tableaux… De quoi en prendre plein les mirettes !

Sur le ring du livre illustré

Dessiner ? Camille de Cussac en a fait très jeune son combat. « Quand j’étais petite, ça chahutait beaucoup à la maison : avec trois frères, quel sport ! Le dessin me permettait d’être au calme. » Dès la fin de ses études, elle remporte ses premières victoires : « J’ai réalisé pour mon projet de fin d’année une série de parodies de contes qui a été publiée (Le petit chaperon belge). On croyait en moi, alors j’ai continué ! » Avec son style punchy, le public est lui aussi rapidement conquis : dans la catégorie jeune illustratrice pleine d’avenir, Camille est en lice pour le podium.

Elle a depuis publié une vingtaine d’albums, dont La Grande aventure du livre chez DADA, et plusieurs titres aux éditions Marcel & Joachim dont nous présentons quelques-uns des originaux. Son plaisir ? Créer la surprise en imaginant des images vitaminées annotées de textes humoristiques. Dans Tu connais quoi à la vie ?, elle renverse le jeu des sempiternelles interrogations que les enfants ont, en leur posant à eux de curieuses questions, comme « Tu connais une expression de vieux ? ». L’occasion d’explorer toute une palette d’univers, d’une salle de cinéma pleine de figures éclectiques, à un combat de boxe dans l’espace, en passant par un héros capé mais en slip et des contes détournés comme celui de Pinocchio.

Une créatrice contemporaine

Camille est une illustratrice en phase avec son temps. Ce qui l’inspire ? Ses contemporains, du monde entier, comme son amie illustratrice Marion Chapuis, le Belge Brecht Evens ou la peintre japonaise Yayoi Kusama. Mais aussi les contraintes de ses divers projets graphiques, qui lui permettent de se dépasser mais aussi de contourner les règles avec ses propositions inattendues. Elle a par exemple dessiné une collection de broderies et des vitrines pour la marque Olow, ainsi que de nombreuses affiches pour des évènements dans toute la France, et plus récemment elle a même collaboré avec l’application mobile Lyf. Elle travaille aussi en étroite collaboration avec la galerie espagnole Arteuparte à San Sebastian, pour laquelle elle crée des prints et dont nous présentons désormais les originaux.

Mais Camille n’oublie pas l’histoire de l’art, à laquelle elle rend de nombreux hommages à travers ses personnages farfelus, via les costumes mais aussi les thématiques qu’elle choisit de représenter, comme sa Medusa Moderna. Elle n’oublie pas non plus les heures passées à dessiner des chiens quand elle était petite, lubie qui ne l’a jamais vraiment quittée et qu’on retrouve au fil de ses créations.

Laetitia Le Moine & Pauline Illa