Retour au blog

Lumière sur Gaya Wisniewski

Gaya Wisniewski est née et a grandi en Belgique. Après une enfance passée au milieu des crayons et des pinceaux de ses parents artistes, elle se forme à l’illustration à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles. Sa vocation première ? Enseigner le dessin, ce qu’elle fait pendant 12 ans ! Puis elle rencontre Joanna Concejo lors d’un stage, et une nouvelle voie pleine de possibilités s’ouvre à elle : et si elle créait ses propres histoires ? Elle se lance en 2018 avec Mon bison, et nous a offert depuis une dizaine de livres merveilleux et toujours très personnels, illustrés avec force et agilité à l’encre et l’aquarelle.

Dompter les mots

Si Gaya s’est toujours sentie à l’aise avec les pinceaux et les images, l’art de manier les mots ne lui est pas venu dès ses études. Pendant une décennie, elle enseigne ce qu’elle maitrise le mieux, le dessin, tout en gardant dans un coin de sa tête ce désir de développer ses propres récits. Une envie qui se ravive lorsqu’elle devient mère, et que l’heure vient de raconter de belles histoires à ses enfants. C’est aussi à cette période qu’elle quitte sa ville natale pour s’installer en France, au milieu des plaines rurales du Gers.

Elle rencontre Joanna Concejo lors d’un workshop aux Estivales de l’illustration à Sarrant. Celle-ci lui apprend à réfléchir à l’histoire à partir de ses images, et non l’inverse comme il est coutume de le faire dans le milieu du livre illustré. Une libération qui permet enfin à l’artiste de s’emparer des mots, et de conquérir des maisons d’édition avec ses projets, notamment MeMo avec qui elle a depuis publié de nombreux livres.

Raconter la nature

Petite, Gaya Wisniewski était une grande fan des Moomins – de drôles de petits trolls vivant dans une grande vallée sans frontière – et des lapins de Beatrix Potter. Depuis qu’elle habite à la campagne, elle a pu observer d’un regard émerveillé les mouvements de la nature : les saisons bien sûr, mais aussi la faune, la flore, les cailloux, les montagnes, les étendues d’eau, etc. Des inspirations qui nourrissent sa création d’album en album… comme la série des Chnourka. Un personnage qui d’ailleurs lui ressemble, avec son prénom d’origine polonaise, comme l’artiste, et un goût pour les moments cosy à la maison ou dans la nature environnante, toujours entouré d’amis.

Gaya s’inspire aussi de la nature humaine, ou plutôt de sa propre expérience de la vie. Dans Mon bison, elle aborde l’apprentissage du deuil, par rapport à la mort mais aussi à la perte des « petites choses qui nous font grandir », selon ses mots. Avec un Ours à New York, elle raconte un peu le chemin inverse : celui de reprendre contact avec les rêves que l’on égare à l’âge adulte.

Peindre avec les sentiments

Gaya manie l’aquarelle avec vivacité, dressant les décors de ses images d’une touche élancée et vibrante. Des dessins si libres qu’ils semblent naître directement du pinceau, sans croquis préalables. En réalité, l’artiste réfléchit bien ses compositions au crayon, souvent en tout petit, dans des carnets dédiés. Une fois l’idée fixée dans son esprit, elle s’arme d’une feuille vierge et de sa palette de couleur pour restituer ce qu’elle visualise. C’est un peu comme dessiner un rêve, ce qui se ressent dans la nature vaporeuse de ses images, que ce soit en couleur dans Chnourka ou Papa, écoute-moi, ou en camaïeu de noir dans Ours à New York, ou de bleu dans Ma plus belle ombre (écrit par Carl Norac). Pour donner encore plus de matière à ses aplats, elle les réhausse souvent de feutres ou de crayons de couleur.

Pauline Illa