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Lumière sur Marie Détrée

L’œuvre de Marie Détrée se situe à la croisée de ses deux passions, la mer et la peinture. À côté de son travail sur toile, elle explore depuis quelques années de nouvelles contrées, en illustration. Plongez dans son univers…

À bord !

Marie Détrée est née dans la ville portuaire de Saint-Malo, et dans une famille de marins ! Dès son plus jeune âge, elle se nourrit de récits sur la mer et embarque à bord du voilier de famille. Elle apprend à peindre à l’âge de 12 ans. Ses passions la suivront lors de ses études à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris où, après l’obtention de son diplôme, elle reçoit le prix Alphonse Cellier. Mais ses prouesses ne s’arrêtent pas là. En 2010 elle est nommée peintre officielle de la Marine (POM), une exception culturelle française qui existe depuis 1830. Il s’agit d’un titre plus que prestigieux, qui lui permettra d’embarquer au sein de grands navires et sous-marins français, à la découverte des mers du monde entier ! Depuis, une petite ancre marine suit sa signature, par tradition autant que par privilège.

Son travail a été mis à l’honneur lors de nombreuses expositions collectives et individuelles : au musée de la Marine à Paris, à Rouen, Douarnenez, et tant d’autres destinations. Par ailleurs, elle est décorée de la médaille du Mérite maritime, de la « Défense nationale » et de la médaille « Atlanta » (lutte anti-piraterie), des signes distinctifs de son engagement au sein de la Marine. Ses embarquements s’enchaînent et sont une grande source d’inspiration. Ils lui permettent d’enrichir sa culture maritime mais surtout sa passion artistique.

Peindre sur le motif 

Bien qu’elle maîtrise la peinture à l’huile, la gouache reste sa technique de prédilection pour les œuvres réalisées sur le motif, c’est-à-dire en plein air, face au sujet. « Le temps est limité parce que la lumière change très vite et le bateau peut virer à n’importe quel moment. Il y a une certaine tension. Ça a changé ma vie au niveau artistique, et aussi en termes d’expérience » dit Marie Détrée. Pour cette pratique il est donc important d’utiliser des matériaux adéquats comme la gouache, aux couleurs mates et au séchage rapide.

Ses sujets sont naturellement la mer et les bateaux mais elle est aussi très attirée par des motifs inhabituels, comme les ports industriels, souvent délaissés par d’autres artistes ! « J’aime bien peindre ce côté technique qu’on ne remarque pas toujours. C’est différent des beaux bateaux, c’est un autre univers ». Un univers artistique qui change aussi son statut d’artiste. À bord du bateau, Marie Détrée devient une spectatrice, c’est pour elle une façon de participer à l’aventure et partager ce qu’elle perçoit du quotidien d’un bateau.

De la gouache aux feutres

Suite à ses voyages en mer, l’artiste entame un tout nouveau parcours dans le monde éditorial en conservant son amour pour l’univers marin. Il commence par la réalisation d’un livre publié aux éditions Chasse-Marée / Glénat intitulé La grande ménagerie du bord. Par ses gouaches riches en couleur, Marie nous mène à la découverte de la Marine nationale et du monde animal. Par la suite elle publie Bateaux en bouteille aux éditions Tutti-Frutti, un livre de bateaux à découper.

C’est tout récemment qu’elle s’est lancée dans la création d’albums jeunesse. En 2022,elle publie L’invention des dimanches avec la maison d’édition Rouergue-Actes Sud. Ce livre, magnifiquement illustré aux feutres, raconte la vie à bord d’un bateau, où le temps s’écoule de façon particulière. Lors de ces voyages, les marins décident de façon aléatoire un jour de repos, alors ils inventent les dimanches.

Les feutres deviennent pour Marie ses nouveaux compagnons de voyage. Elle poursuit ses publications : Avec mon bâton aux éditions Un dimanche après-midi et Très chers fantômes chez éditions Tiret du 6, tout en gardant la même technique artistique. Grâce aux feutres, les couleurs se mélangent et rendent les paysages hypnotisant. C’est tout naturellement qu’on a envie d’y plonger et découvrir un autre univers.

Rita Ciccolini