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Lumière sur Marjorie Pourchet

Alors qu’elle est au lycée, Marjorie Pourchet rencontre une illustratrice jeunesse et c’est le déclic : voilà ce qu’elle veut faire ! Son bac en poche, elle intègre les Arts déco de Strasbourg puis l’atelier de Claude Lapointe. Son premier album La tête dans le sac est tout de suite remarqué et rejoint la Mostra d’illustration de Sarmede (2004). S’en suit une riche carrière, nourrie d’expositions, de résidences d’artistes et d’ouvrages publiés en France et à l’étranger. Son travail à l’acrylique est tantôt dilué tantôt riche de matières, mélangé à des encres, ponctué par des collages, des dessins aux traits, des jeux d’impressions… et dissimule bien souvent des détails qui invitent le lecteur à l’exploration.

« Je réfléchis trop ! »

Son baccalauréat en poche, elle intègre l’École des Arts Décoratifs de Strasbourg dont elle réussit le concours tout juste âgée de 17 ans. Et après deux intenses premières années, Marjorie Pourchet rejoint l’atelier d’illustration de Claude Lapointe.

Le temps qu’elle y passe lui sera précieux. Si son style et univers esthétique ne sont pas encore définis, elle y trouve les outils de narration qui lui serviront dans chacun de ses albums. Grâce à Christian Heinrich et Claude Lapointe, elle apprend… à prendre le temps ! Le temps de réfléchir, de passer par l’étape de la recherche, de construire avant de chercher à réaliser de belles images soignées. Un enseignement fondamental qui la suit aujourd’hui dans ses étapes de recherche auxquelles elle consacre de longues heures. « Je réfléchis trop ! » avoue-t-elle d’ailleurs.

La narration par l’illustration

Marjorie Pourchet aime raconter des histoires. « Les images me viennent par les mots. C’est l’histoire qui crée en moi l’illustration. » Pour chaque nouveau projet, elle réalise une multitude de petits croquis. Chaque scène est représentée sous différents angles. Elle fait le tour des possibilités, narratives et visuelles, avant de faire un choix.

Lorsqu’elle commence à travailler, des images s’imposent naturellement à elle. Autour de cela, Marjorie imagine les autres illustrations et organise la cohérence du récit. Ce n’est que lorsque tout est défini qu’elle procède à la mise en couleur. Elle essaie alors de faire l’illustration en une seule fois, et tente toujours de sauver l’image lorsque des éléments lui résistent.

Focus sur Mucho Cuento

Marjorie Pourchet travaille avec de nombreux éditeurs en France mais également à l’étranger, comme l’éditeur espagnol OQO. Pour eux elle illustre Mucho Cuento, un album qui se rit doucement des contes classiques. Ici, la Belle au Bois Dormant est réveillée par un soldat de plomb et la petite sirène prend le thé avec son chevalier, sous l’eau ! Tous les contes et personnages se mélangent, réécrivent ensemble leurs histoires tout en faisant appel à notre imaginaire collectif et à des références du genre, comme Les Contes de Charles Perrault illustrés par Gustave Doré.

Ce projet a été un tournant graphique pour l’illustratrice. Avec Mucho Cuento elle s’est rapprochée des univers esthétiques et narratifs qui l’intéressaient et qui ne lui étaient alors pas proposés par l’édition française.

Inspirations et techniques

Marjorie Pourchet a été marquée par la découverte chez ses grands-parents de livres scolaires de la première moitié du 19e siècle, illustrés de belles gravures, comme la classique Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Son répertoire graphique a été fortement imprégné de cette technique qu’elle a mis en pratique à sa manière. Lors de sa résidence à Saint-Paul-Trois-Châteaux, elle s’est mise à explorer le travail de la gravure jusqu’à trouver la forme qui lui convenait le mieux : le tampon. Elle réalise elle-même ses tampons, qu’elle utilise notamment pour la construction de ses paysages.

Son univers graphique est empli de traits fins et déliés réalisés au crayon, de motifs floraux à l’image de l’Art nouveau qu’elle apprécie particulièrement. Klimt et Mucha comptent parmi ses références les plus notables. Cela est d’ailleurs frappant dans Mucho Cuento où elles se croisent avec les influences de Gustave Doré et Ivan Bilibine.

Bibliographie non-exhaustive

  • La tête dans le sac, Marjorie Pourchet, éditions du Rouergue, mars 2004
  • Mange ta main, Jean-Claude Grumberg, ill. Marjorie Pourchet, Actes Sud Papiers, octobre 2006
  • Un Amour sur mesure, Roland Fuentès, ill. Marjorie Pourchet, Nathan, juin 2008
  • Mon Jardin, Zidrou, ill. Marjorie Pourchet, éditions du Rouergue, septembre 2009
  • La mère du héros, Roberto Malo & Francisco Javier Mateos, ill. Marjorie Pourchet, OQO Editora, 2011
  • Le Petit Poucet, Charles Perrault, ill. Marjorie Pourchet, Mango, janvier 2012
  • Ours et les papillons, Susana Isern, ill. Marjorie Pourchet, OQO Editora, avril 2013
  • Mucho Cuento, Enrique Paéz, ill. Marjorie Pourchet , OQO Editora, avril 2014
  • Un dia en el mar, Paula Carbonell, ill. Marjorie Pourchet, La Fragatina, octobre 2014
  • Le dernier éléphant d’or, Mario Urbanet, Rue du Monde, juin 2016
  • En la Azoeta, Susana Isern, ill. Marjorie Pourchet, La Fragatina, septembre 2016
  • Tit’ Fiyèt et le loup, Rose-Claire Labalestra, ill. Marjorie Pourchet, Lirabelle, octobre 2019
  • Les Poissons dorés, Ghislaine Roman, ill. Marjorie Pourchet, Akinome Jeunesse, août 2020

Informations réunies par Manon Barré en février 2022