Né à Paris en 1985, Tom Haugomat est illustrateur pour la jeunesse, la presse et la publicité. Suivi par plus de 250 000 admirateurs sur Instagram, il séduit avec ses œuvres réalisées en numérique ou à l’acrylique, au rendu proche de la sérigraphie. Minimalistes, ses images aux couleurs à la fois douces et tranchantes, plaisent aussi pour ce qu’elles racontent. L’amour du voyage, les liens familiaux, le règne calme de la nature, les petites choses du quotidien… sont autant de thématiques chères à l’artiste, qui nous les transmet tout en beauté.
Un créateur d’images
Tom Haugomat s’intéresse rapidement au dessin et à son potentiel narratif. Après une année d’études en histoire de l’art et archéologie, il s’oriente vers une prépa’ artistique. Puis à l’école des Gobelins, en « Conception et réalisation de films d’animation », il se découvre une passion pour l’image en mouvement. Il y rencontre d’ailleurs Bruno Mangyoku, un jeune dessinateur avec qui il réalise le court-métrage Jean-François (Arte, 2009), qui remporte le prix Jean-Luc Xiberras de la première œuvre au festival d’Annecy 2009. Après un second film, Nuisible, il se lance dans l’illustration, avec comme principal outil sa tablette graphique.
La création publicitaire devient sa principale source de revenus, travaillant avec de grandes marques comme Air France, Évian, les magasins du Printemps, les cinémas MK2, ainsi que de nombreux magazines à l’international (Citrus, Erratum, Here, Times, etc.). En parallèle, il consacre son temps libre à l’illustration de livres jeunesse, projets coups de cœur ou dont il est l’auteur. Sa première publication sort en 2012 aux éditions CMDE : Marche ou Rêve. Elle est suivie en 2014 de Hors-pistes, dans la collection « Les Décadrés » coéditée par les éditions Thierry Magnier et la Galerie Robillard. En 2015, retour aux éditions CMDE avec La Chenille, la Chrysalide et le Papillon, écrit par la conteuse haïtienne Mimi Barthélémy. En 2018 paraît À travers, un livre quasi sans texte qui ravit le public à travers le monde avec ses nombreuses traductions. Puis en 2021, c’est avec les éditions Tishina qu’il publie son premier livre réalisé entièrement à la peinture traditionnelle, Fup, l’oiseau canadèche.
Minimalisme en couleurs
Tom Haugomat qualifie lui-même son style de « minimaliste » : « Quand je travaille sur une illustration, je concentre le regard sur quelque chose que j’ai détaillé et ensuite, je laisse place au blanc. » Tom s’inspire volontiers de la sérigraphie, que ce soit pour ses œuvres numériques ou à l’acrylique, une pratique qu’il développe aujourd’hui. Il limite les couleurs, 2 ou 3 généralement, et joue sur leur superposition. Ces contraintes qu’il s’impose lui permettent de trouver l’inspiration.
Tom Haugomat procède pour ses illustrations comme un sculpteur façonnerait ses objets : il commence à dessiner en masse avant de trancher dans la matière, de modeler ses personnages et ses paysages et d’ajouter les détails. « J’aime qu’on puisse interpréter mon image, projeter ce que l’on veut dedans. Je veux laisser de la place à l’imagination et ne surtout pas imposer mon point de vue. Pour mes personnages, j’ai longtemps cherché des codes pour les yeux, le nez, l’expression… sans jamais trouver quelque chose qui me plaisait vraiment. Je mise désormais tout sur la façon dont le personnage se positionne, bouge, en transmettant le moins de choses possibles avec le visage. »
Puiser dans le quotidien
Parmi les artistes qui l’ont influencé, Tom Haugomat cite les illustrateurs Blexbolex, Chris Ware ou encore Margaret Killigan pour leur sens de la composition et leur façon d’utiliser la couleur, mais aussi les réalisateurs japonais Yasujiro Ozu et Hirokazu Kore-eda pour leur sensibilité et leur sens du cadrage. L’animation continue de nourrir son œuvre au quotidien, tant comme inspiration que comme pratique. Il compose ses illustrations comme un réalisateur déplacerait sa caméra dans l’espace, plaçant l’observateur au cœur de l’action.
Le quotidien reste pour Tom Haugomat sa meilleure source d’inspiration, la plus intarissable. « Il suffit de croiser un ouvrier faisant face à une grue gigantesque ou des enfants jouant dans la neige charbonneuse de Paris pour avoir des idées ! Je puise beaucoup mon inspiration dans la rue. » Dans Hors-pistes, il se remémore par exemple ses étés d’enfance passés dans les Alpes, et plus particulièrement l’ascension du pic de Neige Cordier dans le massif des Écrins avec son père. L’idée d’À travers lui vient en 2012, alors qu’il participe à une exposition collective en proposant des diptyques avec d’un côté un personnage regardant quelque chose, et de l’autre la chose en question comme la voit le personnage. Dans ce livre comme dans Fup, il rend notamment hommage à la culture américaine avec laquelle il a grandi : la nature époustouflante, les westerns, ou encore la conquête de l’espace.
Laetitia Le Moine / Pauline Illa