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Gouache, acrylique, aquarelle : quelles différences ?

Gouache, acrylique, aquarelle… trois peintures à l’eau que l’on découvre dès l’enfance, et qui ont beaucoup de points communs. Pourtant, chacune a ses propres qualités. Qu’est-ce qui permet de les différencier, à la fois à l’usage, et à l’œil ?

La gouache


La gouache est généralement le premier tube de peinture que l’on met entre les mains des enfants. Lumineuse et facile à travailler car elle sèche assez rapidement, elle a pour autre avantage d’être nettoyable à l’eau sans trop d’efforts !


Comment reconnaître une peinture à la gouache ?

C’est le médium préféré de nombreux artistes de la Galerie, comme Julia Spiers, Albertine ou encore Rébecca Dautremer, et toutes en font un usage différent ! Pourtant, on peut y trouver un point commun marquant : des couleurs vives et des planches qui reposent sur des contrastes affirmés.

La gouache chez nos artistes

Cette variété d’usage est aussi la force de la gouache. Celle-ci est diluable à l’eau, comme l’aquarelle, ou utilisable à « sec » tout en étant assez opaque, comme l’acrylique. Cette seconde manière est celle privilégiée par Albertine. Observez ses illustrations : les couleurs se superposent sans transparence et ne se mélangent pas. En résulte des images qui reposent sur l’opposition des teintes pour construire un monde onirique. Dans sa technique, elle oscille aussi entre aplat et modelé, ce qui renforce la notion de contraste entre volume et planéité.

Julia Spiers travaille principalement en aplats, mais en diluant ses gouaches avec un peu d’eau, ce qui rend ses couleurs un tout petit peu plus transparentes, tout en restant très lumineuses. Pour éviter que les différentes zones se superposent, elle utilise de la gomme de réserve. C’est un liquide qui une fois sec devient élastique. On l’applique sur une zone de la feuille pour la conserver blanche pendant qu’on peint une autre zone. Quand on retire la gomme, c’est comme si le pinceau n’était jamais passé à cet endroit ! On peut même l’utiliser sur une zone qui a déjà été peinte.

Rébecca Dautremer utilise la gouache comme l’aquarelle : en la diluant avec beaucoup d’eau et en construisant la profondeur avec l’accumulation de couches de peinture très fines. Ainsi, si ses illustrations reposent sur le modelé et la matière, elles conservent des couleurs aussi lumineuses que ses comparses, comme ces rouges séduisants qui sont presque devenus sa marque de fabrique.

La gouache peut aussi très bien se marier avec d’autres matériaux, comme le pastel chez Benjamin Chaud, ou le crayon de couleur chez Claire de Gastold.

L’acrylique


L’acrylique est aussi très utilisée à l’école, mais l’est encore plus dans les arts graphiques. C’est la peinture que l’on trouve par exemple dans les très populaires feutres Posca. Contrairement à la gouache, il est plus difficile de diluer efficacement l’acrylique. La pâte, déjà un peu plus liquide à l’origine, est aussi plus dense et permet de couvrir de larges zones en un coup de pinceau. Elle sèche très rapidement, ce qui permet de la recouvrir avec une autre couche sans que celles-ci transparaissent entre elles, ou se mélangent.


Comment reconnaître une peinture à l’acrylique ?

À la Galerie, c’est le médium préféré d’artistes comme Martin Jarrie, Clémence Pollet ou Tom Haugomat. Il permet de créer des images aux couleurs franches mais un peu pastels, le plus souvent présentées en aplats, même dans la création de modelé. Pour cela, comme chez Tom Haugomat, l’artiste va recouvrir une couleur claire d’une teinte un peu plus foncée, mais du même registre, tout en laissant une partie des zones claires visible. Mais bien sûr, l’acrylique prend une identité différente en fonction de la main artistique qui l’applique.

L’acrylique chez nos artistes

Martin Jarrie, par exemple, applique minutieusement de nombreuses couches pour construire des modelés un peu plus réalistes pour ses illustrations. Même ses fonds, qui de loin ont l’air d’aplats uniformes, sont constitué d’une multitude de couches irrégulières qui leur donnent un aspect matiéré. D’ailleurs, à chaque fois qu’il finit une peinture, Martin utilise ce qu’il reste sur sa palette pour recouvrir les fonds de ses prochaines créations. Son atelier grouille ainsi de papiers colorés par ses soins, prêts à devenir des œuvres.

Comme lui, Clémence Pollet donne une certaine matière à ses différentes couches, mais mise plutôt sur l’illusion de l’aplat dans l’apparence finale de ses images. De loin, on voit une superposition de couleurs tantôt vibrantes, tantôt pastels, et le détail apparaît quand on approche l’œil. Comme ces montagnes, dont le bleu présente des coups de pinceaux à la verticale qui évoquent de la neige glissante. Ou cet autre sommet au premier plan qui semble noir, mais dont les subtiles variations de teintes et leur application lui donne l’apparence d’un rocher.

Tom Haugomat, en revanche, travaille l’acrylique comme il travaillerait une sérigraphie, une technique qui l’inspire d’ailleurs beaucoup. Chaque couleur a sa place sur la feuille et ne se mélange pas. Il crée ainsi des images très stylisées, avec toujours un air très apaisant. Même cette dramatique chute d’avion dans un ciel d’un bleu limpide semble silencieuse, ce qui lui confère une beauté mystérieuse…

L’acrylique se marie moins avec d’autres médiums, mais les artistes sont toujours plein de ressources et d’inventivité ! Pierre Mornet, par exemple, l’utilise en accord avec ses peintures à l’huile, souvent pour construire les fonds et les teintes de base. Laurent Corvaisier joue lui avec les collages pour créer différents niveaux de profondeur.

L’aquarelle


L’aquarelle est plus rarement mise entre les mains des enfants car c’est une des peintures à l’eau les plus difficiles à travailler. Versatile, imprévisible, il faut la diluer beaucoup pour pouvoir l’appliquer. Mais c’est aussi ce qui fait son charme, et rend sa maîtrise d’autant plus impressionnante !


Comment reconnaître une peinture à l’aquarelle ?

L’aquarelle crée souvent des visuels aux teintes légères et vaporeuses. C’est le médium de prédilection de Quentin Gréban, mais la plupart des artistes de la Galerie l’utilise régulièrement en concordance avec d’autres techniques, comme Seng Soun Ratanavanh et Gaya Wisniewski.

L’aquarelle chez nos artistes

Comme Rébecca Dautremer, Quentin Gréban travaille ses images en superposant de multiples couches de peinture fine. L’aquarelle mettant un peu plus de temps à sécher, et surtout ayant tendance à se mélanger aux couches inférieures, il utilise un sèche-cheveux avant chaque nouvelle application. De cette manière, il crée des illustrations denses et très détaillées, mais qui conservent une certaine légèreté, notamment car ses croquis au crayon sont souvent toujours visibles sous la peinture.

Seng Soun Ratanavanh utilise l’aquarelle comme sous couche sous ses dessins principalement réalisés aux crayons de couleur. Cela lui permet de distinguer les zones sur sa feuille blanche et de créer un dessin uniforme, là où ses crayons auraient peut-être laissé trop transparaître le papier. Elle utilise aussi parfois des crayons aquarellables, c’est-à-dire dont on peut diluer les marques grâce à un pinceau humide.

Gaya Wisniewski mélange elle aussi les techniques, généralement la gouache, l’aquarelle et le crayon. Le contraste entre ces différents médiums participe à construire la matière de ses illustrations. Mais ils sont aussi assez proches pour se confondre et flouter leur distinction. Cette manière de faire lui permet de créer des images à la fois lumineuses et tendres, profondes et légères, et rythmées par son vif coup de pinceau.

De nombreux autres artistes utilisent l’aquarelle par touche, en complément d’autres techniques, pour jouer avec sa transparence ou sa vibration. Irène Bonacina n’utilise quant à elle pas strictement de l’aquarelle mais une sorte d’encre, fréquente dans la BD. Un peu moins versatile que sa cousine, Irène la dilue pour obtenir un aspect très similaire à l’aquarelle.

Pauline ILLA