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Lumière sur Anna Boulanger

Infatigable et patiente, Anna Boulanger excelle en pointillisme. Elle dessine “tout petit”. De préférence dans son petit carnet moleskine dont le papier favorise le glissement de la pointe. Après son bac, elle quitte la côte de granit rose pour Bruxelles, où elle étudie l’illustration. Elle acquiert les techniques et les compétences dont elle pourra user avec élan et liberté aux Beaux-Arts de Rennes.

Des histoires aux images

Durant son enfance, Anna Boulanger est bercée par les classiques de Perrault, Grimm et Andersen, les contes des Mille et Une Nuits dont Ali Baba et les 40 voleurs, ou encore Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. Bien plus que l’objet livre ou encore les dessins, ce sont surtout les histoires qui la fascine. En grandissant, elle s’intéresse aux intrigues policières d’Agatha Christie, aux nouvelles fantastiques d’Oscar Wilde ou encore aux romans de Charles Dickens.

Si elle hésite d’abord entre le « métier de journaliste ou de tireur d’élite », sa fascination pour l’art de raconter et de mettre en images des histoires l’a conduite vers un tout autre avenir. Juste après le lycée, elle entame des études en illustration. D’abord à l’institut Saint-Luc en Belgique, puis aux Beaux-Arts de Rennes, ville dans laquelle elle s’est définitivement établie. Aujourd’hui, elle œuvre au sein du collectif L’Atelier du Bourg qui propose notamment des ateliers artistiques tout public : initiation à la sérigraphie, écriture, manifestation poétique… les artistes du collectif s’investissent dans de multiples projets.

La vie en bicolore

Anna aime prendre son temps pour dessiner et se remet souvent en question. Durant sa première année d’études, seuls le crayon et l’encre de Chine étaient autorisés, ce qui marqua définitivement son style et sa technique. Si, pour chaque illustration, elle mélange volontiers les techniques (papiers collés, crayons, encre, peinture), elle conserve un sens de la minutie particulièrement aiguisé, et préfère souvent le travail bicolore, généralement en noir et blanc.

Anna pratique aussi la sérigraphie, en reprenant ses dessins et en jouant avec la couleur et les formats. C’est le cas par exemple de son illustration au crayon Domaine abandonné, transformée en une splendide sérigraphie aux rehauts métalliques. Elle a aussi produit une série d’estampes à partir de ses illustrations réalisées pour les romans De pierre d’os de Bérengère Cournut et Vie posthume d’Edward Markham de Pierre Cendors (éditions du Tripode), intitulée « La quatrième dimension ». Les deux textes plongent le lecteur dans des espaces immenses, suspendus dans un temps ambigu, sans jour ni nuit, où douceur et violence se côtoient, comme le silence et les bruits, le flou et le net.

La poésie des images

Anna trouve son inspiration dans les choses qui l’intriguent ou la questionnent. Cela peut partir d’un mot, d’une couleur ou encore d’un animal, d’un paysage. Elle est très sensible à ce qui l’entoure, parfois même aux choses que l’on ne voit pas, comme les « si », l’infime, la probabilité, le non-dit ou le non-sens…

Dans le livre L’absence, Anna nous confronte à un sentiment que l’on ne peut pas appréhender. Elle travaille à partir des émotions et autour de cette difficulté à rendre compte de l’absence elle-même. C’est ainsi dans des pages pleines que l’absence s’installe. Continuant sa traversée poétique, elle illustre régulièrement des textes contemporains aux éditions du Tripode, tel que Le Dit du Mistral d’Olivier Mak Bouchard ou Conte de la dernière pensée d’Edgar Hilsenrath. Elle réalise également des projets personnels, comme sa série de nuages illustrant son livre d’artiste Les plus beaux traversent vers 17h.

Pauline Illa